Sophie de Quay en Roumanie

Quel a été votre parcours professionnel ? Comment avez-vous découvert votre passion pour la musique ? A quel âge ?

J’ai commencé par l’écriture en autodidacte à 5 ans, je recopiais mes livres d’enfants. La musique a toujours fait partie de ma vie, lors de mes fêtes de familles nous chantions toujours, surtout du côté de ma mère, la famille de Quay, il y a eu beaucoup d’artistes et c’est pour cela que j’ai choisi de Quay comme nom de scène.

À 7 ans j’ai quitté la Suisse avec ma famille pour vivre à Singapour. A Singapour comme en Chine, les gens adorent chanter au karaoké. Ma mère en a acheté un pour la maison, avec un micro et je passais mes soirées et week-ends à chanter.

De mes 12 à 16 ans je vivais à New York et là j’ai été sélectionnée pour des rôles principaux dans les comédies musicales du Lycée Français. En parallèle, j’ai eu une coach, Tina Shafer qui a aussi travaillé avec de grands artistes comme Avril Lavigne et Céline Dion.

Après un baccalauréat littéraire, j’ai été formée à l’école de musique ATLA à Paris où je suivais un cursus de chant professionnel.

En parallèle de la musique, j’ai aussi étudié le mandarin et la culture chinoise à l’université et je suis diplômée de l’Ecole Hôtelière de Genève.

 Quels mentors avez-vous eus ? Quelle est leur importance dans votre développement professionnel?

Tina Shafer, ma 1ère coach vocale a joué un rôle décisif. Elle ne prenait pas d’adolescents comme élève normalement, et exceptionnellement elle m’a prise alors que j’avais 14 ans, car elle trouvait que j’avais une voix particulière. Pascal Auberson, un artiste suisse est un mentor, c’est notre parrain. Il m’a appris à oser, à explorer ma voix, à sortir des sons que je ne connaissais pas, à me connecter à mes tripes, à prendre ma place sur scène. Il a un charisme très fort et c’est une bête de scène. Je le trouve très inspirant.

Simon Jaccard, mon binôme, est celui qui a fait tout basculer. Il m’a proposé en 2016 de monter un projet ensemble « Sophie de Quay » et c’est à partir de là que je suis devenue une chanteuse professionnelle. Il travaillait à l’époque avec la pop star Bastian Baker et il avait fait des tournées partout dans le monde. C’est lui qui m’a donné confiance en moi, c’est un musicien extraordinaire avec qui j’écris, je compose, j’enregistre et je performe sur scène. Il joue de tous les instruments et alors que nous sommes que 2 sur scène, le public a l’impression que nous sommes tout un groupe de musiciens. C’est mon alter ego et ensemble nous avons déjà fait des concerts dans 13 pays.

Dans quelle mesure le producteur de musique et l’interprète se ressemblent-ils et dans quelle mesure sont-ils différents ?

Il est important que les sensibilités se ressemblent pour que le producteur puisse traduire en musique les émotions et l’univers de l’interprète.

Il est évident que vous abordez de nouveaux thèmes. Avez-vous toujours un élément constant dans votre musique ? Nous abordons des thématiques qui nous touchent et nous avons quelques messages forts qui reviennent régulièrement : l’importance de construire des ponts entre les cultures, les générations, les manières de penser. L’importance de continuer à rêver pour créer un monde meilleur. L’importance d’oser réaliser ses rêves et d’écouter la petite voix intérieure que nous avons tous au fond de nous et qui a très souvent les bonnes réponses.

 Qu’est-ce qui vous attire dans le métier de globe-trotter ? Il est clair pour moi que vous n’êtes pas un simple touriste. Comment insérez-vous ce sentiment de “nomadisme” dans votre musique ?

Voyager fait partie de mon ADN. Je suis née en Suisse et j’ai grandi à Singapour, à New York et j’ai étudié à Paris et à Shanghai. Découvrir d’autres cultures, rencontrer des personnes qui vivent, pensent différemment est très enrichissant, inspirant et ouvre l’esprit. Voyager fait partie de ce que nous aimons dans ce métier, chaque public est différent et à chaque fois nous devons sortir de notre zone de confort.

Nous intégrons ce « nomadisme » en écrivant et produisant des chansons lors de voyages : nous avons toujours tout le matériel nécessaire pour cela, moi mon carnet de notes et Simon son ordinateur et sa carte son. Nous intégrons des sons du monde entier dans nos chansons. Par exemple sur notre chanson « Show me the world », les premières voix de la chanson sont celles enregistrées d’enfants en Inde qui nous accueillaient avec des chansons et des danses.

Les compositions après la pandémie sont différentes. Les artistes s’exprimaient différemment. Que souhaitez-vous transmettre au sujet de la période de confinement et de la période qui suit immédiatement ? Je sais que vous aviez un message à faire passer. Qu’est-ce que c’est ?

La pandémie nous a fait prendre conscience que tout peut basculer d’une minute à l’autre et de l’importance du moment présent et de l’importance de dire je t’aime et passer du temps avec ceux que nous aimons.

Aimez-vous rassembler des éléments de différentes cultures et les insérer dans votre musique ?

Oui 😉

Que signifie la créativité pour vous ? Avez-vous un “secret” pour “développer la créativité” ?

Pour moi la créativité c’est oser s’exprimer de manière différente que par la parole, c’est rêver, imaginer. Je suis plus créative lorsque je suis dans un environnement calme comme dans la nature par exemple et seule ou avec Simon. Je dois me mettre dans ma bulle et créer une ambiance autour de moi. J’aime allumer des bougies et faire des exercices de méditation pour être ancrée et connectée à moi-même.

Si vous n’étiez pas musicien, que feriez-vous ?

Je trouverais un moyen de changer le monde différemment, à mon échelle, d’éveiller les consciences et d’encourager les gens à continuer à rêver pour, ensemble, construire un monde meilleur. Je serais peut-être dans la diplomatie, dans le social, dans les médecines alternatives. Je travaillerais peut-être dans un orphelinat ou avec les migrants pour essayer de donner de l’amour à ceux qui en ont besoin et redonner de l’espoir.

Vous transmettez constamment des messages – manifestes. Quel est le message que vous voulez transmettre          aujourd’hui ?

Je suis convaincue qu’il faut construire des ponts entre les cultures, les générations, les manières de voir le monde, les humains tout simplement. J’aimerais dire au monde qu’il faut continuer à rêver et qu’il faut oser réaliser ses rêves. Je pense qu’il faut voir la vie d’un regard optimiste et que les énergies positives amènent d’autres énergies positives.

 Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ? Comment les avez-vous surmontés ?

Cette vie d’artiste est une montagne russe. Nous recevons des réponses positives, des réponses négatives, nous sommes constamment dans l’émotionnel que nous devons apprendre à gérer. Je suis une personne hypersensible et j’ai trouvé des outils pour pouvoir gérer le stress. C’est une vie fatigante car nous voyageons constamment et il faut trouver un moyen de renouveler son énergie, Nous sommes deux avec le même rêve et la même passion, ce qui me donne la force de continuer à avancer. La bienveillance du public est aussi très précieuse. Pour me discipliner, je fais de la méditation, pour rester ancrée où que je sois dans le monde et je fais très attention à dormir un minimum de 7 heures par jour.

Avez-vous des collaborations avec des musiciens de Roumanie ou d’autres pays ? En quoi consistent-ils ?

Nous sommes en train de travailler sur une chanson avec l’artiste roumain Marius Moga. Nous avons été dans son studio et écrit, composé et produit une chanson tous les 3. Nous n’avons pas encore décidé de la date de sortie mais nous reviendrons en Roumanie pour la présenter !

 Voyez-vous des éléments communs dans les musiques/tendances internationales ? Quelles seraient-elles ?

Oui, les éléments communs de la musique populaire internationale sont régis par le marché de la musique actuelle. Il y a des formats à respecter, comme il y en a toujours eu, mais ceux-ci tendent à évoluer et à se globaliser avec les nouveaux modes de consommation de la musique, c’est-à-dire le streaming. Les chansons sont de plus en plus courtes, et on nous demande souvent de commencer nos chansons par des refrains pour capter directement l’attention de l’auditeur. Il en va du choix de chaque artiste de respecter ou non ces codes, de notre côté, nous essayons un maximum de jouer avec ces codes pour garder une structuration musicale qui nous correspond tout en gardant une oreille attentive à ce que demandent les professionnels du milieu et le public.

Que conseilleriez-vous à un musicien au début de sa carrière ?

De ne pas se laisser décourager par les réponses négatives. Cela prend du temps pour se faire connaître et pour construire un public mais c’est un métier magnifique et s’ils sentent au fond d’eux que c’est vraiment cela qu’ils ont envie de faire, ils doivent foncer !  Je dirai aussi que c’est important de rester authentique et de s’entourer de personnes bienveillantes qui aiment vraiment leur travail.

 

Sursa imaginii:
Sophie de Quay / FITPTI
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