Simon Jaccard en Roumanie

Quel a été votre expérience professionnelle ? Comment avez-vous découvert votre passion pour la musique ? À quel âge ?

J’ai demandé à mes parents de m’offrir un piano à l’age de mes 4 ans. Ceux-ci m’ont offert une flute à la place, en me disant que si j’en jouais pendant 2 ans, ils m’achèteraient un piano. Le jours de mes 6 ans, je leur ai dit qu’il était temps de passer aux choses sérieuses et c’est comme ça que j’ai enfin pu commencer le piano. Ma passion pour la musique ne me vient pas de ma famille, c’est quelque chose qui a toujours vécu en moi, et que j’ai culIvé avec mes amis en formant divers groupes de différents styles musicaux. La musique a toujours été l’un des moteurs de ma vie.

Quel mentor aviez-vous ? Quelle a été son importance dans votre évoluions professionnelle ?

J’ai commencé mon apprentissage avec un professeur du nom de Vincent Favre qui a été très important pour moi. L’impacte du premier professeur est énorme car c’est lui qui définit votre ouverture musicale et votre capacité à vous adapter aux différentes situations. J’ai eu beaucoup de chance car Vincent m’a fait découvrir la musique classique, le jazz, le blues, la pop & le rock et mon apprentissage d’adolescence s’est basé autant sur l’écoute que la lecture. J’ai pu choisir ma voie grâce à l’ouverture d’esprit que ce professeur m’a amené.

Par la suite, j’ai pu parfaire ma connaissance de la musique en suivant un cursus professionnel à l’Hemu, Haute école de Musique et conservatoire de jazz à Lausanne en Suisse avec un professeur du nom de Emil Spanyi. L’apprentissage de la musique jazz m’a permis d’être complètement libre avec mon instrument et de comprendre la musique comme un tout, dans lequel on peut naviguer librement si on en connait les codes. Emil Spanyi était un professeur qui en amenait beaucoup de ses élèves, et j’ai dû jouer entre 6 à 8h par jour pendant mes années d’étude pour pouvoir suivre son programme.

Ces compétences me servent encore énormément aujourd’hui, même si je me concentre sur la pop & la musique actuelle. Dans quelle mesure le producteur de musique et l’interprète sont-ils similaires et différents ?

L’histoire de la musique a montré qu’un bon interprète peut jouer ou chanter un morceau à la perfection même si il ne l’a pas produit lui même, mais je pense qu’il y a une dimension en plus lorsque l’interprète a également produit le morceau. Il peut alors s’exprimer complètement, cela va plus loin que la performance vocale ou instrumentale, et il maitrise complètement la cohérence de son univers. Mais chaque artiste travaille différemment.

Dans certaines situations, je pense qu’il est aussi important d’avoir un retour d’une personne externe, d’une oreille fraiche, car on peut parfois oublier le propos de base de la chanson en voulant dire trop de chose à la fois si l’on fait tout. Le producteur et l’interprète sont similaire dans la mesure ou l’interprète doit rechercher une production musicale qui lui correspond et sert son propos, et sont différents car parfois l’interprète a besoin de recul qu’il ne peut trouver que chez un autre producteur musical pour lui périmètre de se retrouver lui-même artistiquement.

Je comprends que vous travaillez sur plusieurs projets pour lesquels vous devez composer pour des musiciens, écrire, mixer. Parmi ces activités, quelle est la préférée ?

Mon activité préférée est celle avec Sophie de Quay. Avant de rencontrer Sophie, j’ai travaillé uniquement en tant que musicien « au service de » et la sensation est différente. C’est un travail très intéressant qui amène beaucoup humainement et musicalement, mais je me retrouve plus artistiquement dans mon travail avec Sophie de Quay car je peux m’exprimer plus librement. L’avantage à travailler sur d’autres projets est que je peux tester différents styles musicaux et moyens de production musicale que je n’utiliserais pas forcément avec Sophie. Cela me permet d’élargir mes connaissances et de grandir dans d’autres styles musicaux.

Une autre grosse différence est la magie qui entoure un projet lorsqu’on y travaille sur le long terme. Lorsque je travaille pour un autre artiste, je fais la musique, le mix, l’écriture, puis voilà c’est terminé, on passe à la suite. Avec Sophie de Quay, il y a toujours une idée plus large, un travail plus complet, un questionnement de “ou est-ce qu’on va aller » avec tel ou tel morceau et de comment on va le faire vivre.

Pour finir, je dirai que travailler en harmonie avec la personne avec qui on partage sa vie, c’est une chance énorme et cela surclasse tout le reste.

Quels sont les hobbies d’un musicien comme vous ?

J’en ai peu car je consacre beaucoup de mon temps et de mon énergie à la musique, mais j’aime me changer les idées avec un livre, une série TV, en sortant avec des amis ou en visitant de nouveaux pays et en découvrant des nouvelles cultures.

C’est vrai qu’une composition actuelle doit raconter “une histoire” ? Est-ce que c’est difficile pour vous, les musiciens, de raconter une histoire dans votre musique chaque fois ?

C’est ce que nous aimons penser, même si je crois que ce n’est plus obligatoire. Il y a beaucoup de « hit » qui ne racontent plus rien et qui restent dans la légèreté, le texte est parfois un prétexte pour sortir quelque chose. Nous ne fonctionnons pas de cette manière. Pour Sophie et moi, le texte est aussi important que la musique et l’un doit toujours servir l’autre. Sophie est une raconteuse, elle sait embarquer son public en voyage, et c’est aussi grâce à nos textes. Je pense que c’est une de nos forces.

Donc oui, pour moi c’est très important de raconter une histoire via nos chansons, et ce n’est pas difficile car c’est l’essence même des chansons. Il est beaucoup plus difficile pour moi de ne rien raconter du tout !

D’où vous commencez quand vous composez une pièce ? Un musicien vous demande une certaine « ligne », une certaine pièce, ou bien c’est l’inverse, c’est vous celui qui avance des proposions ?

Les deux fonctionnent. Je m’adapte toujours à l’univers de l’artiste, ou si il n’en a pas encore, je cherche toujours à en créer un avec lui. C’est des discussions, de la recherche, du brainstorming par rapport à ce que l’artiste cherche à dire et à transmettre. Cela arrive aussi que je cherche quelque chose de mon coté pour le lui proposer ensuite, mais la plupart du temps le travail se fait ensemble. Ce que je veux dire, c’est que je cherche toujours à servir un propos, je n’écris jamais de morceaux que je vais proposer à plusieurs arIstes. Pour moi, la base du travail se situe dans l’essence du morceau. Si le texte, la ligne harmonique & la ligne mélodique fonctionnent, on peut passer à la suite et commencer l’arrangement.

Peut-être plus que dans d’autres domaines artistiques, la musique est “internationale”, elle a dépassé plus rapidement la barrière “globale”, elle n’a pas de “limites linguistiques” comme dans le cas de la littérature, par exemple. Ressentez-vous des éléments communs dans la musique internationale, en ce moment ? Quels seraient-ils ?

 Je pense que la langue de la chanson compte. La plupart des morceaux « internationaux » sont en anglais (avec quelque exceptions) mais le fait d’écrire dans sa langue permet de toucher plus les gens qui parlent cette langue. C’est un choix à faire, avoir plus de possibilités à l’internationale ou toucher plus les gens qui nous entourent. Nous écrivons dans les deux langues, mais nous allons nous concentrer de plus en plus sur le français, ce qui nous permettra d’aller encore plus au fond de notre pensée. Certains morceaux ont cependant réussi à transcender cette limite linguistique, c’est ce à quoi nous aspirons tous en tant que musiciens!

Avez-vous un message, un “fil rouge” que vous aimeriez faire passer dans vos chansons ? Quel est ce message ?

Building Bridges! Nous aimons construire des ponts entre les différentes cultures, générations, entre les gens tout simplement. Et aussi « We do it our way », ne pas attendre que les choses se passent pour soi mais créer les opportunités, être acteur de sa vie, et travailler dur pour le réaliser.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ? Comment les avez-vous surmontés ?

Je ne les compte plus! La plus grande difficulté est de ne pas se décourager lorsque quelqu’un nous dit non. Car dans ce métier, c’est un oui contre 100 non. Mais rien que pour ce oui, cela vaut la peine de continuer à se battre.

 Que conseilleriez-vous à un musicien de faire au début ?

Bien s’entourer, c’est la première chose à faire. On peut vite être démoralisés si les gens qu’on côtoie ne nous soutiennent pas ou ne nous aident pas à avancer. L’entourage est un levier important pour les musiciens qui cherchent à avancer. Un autre conseil que je peux donner est essayer de toucher à tout, le son, la vidéo, la photo, le management, la presse, les réseaux sociaux… Il existe aujourd’hui tellement d’outils qui nous permettent d’être indépendant que personne n’a réellement d’excuse de ne pas pouvoir faire quelque chose de « complet ». Les professionnels de chaque milieu viendront se greffer par la suite au projet si il est fait avec le coeur.

Que signifie la créativité pour vous ? Avez-vous un “secret” pour “développer la créativité” ?

La créativité est un état dans lequel on se met, proche de la méditation. Il faut réussir à s’enfermer dans sa bulle et à oublier son quotidien, ses douleurs et ses peurs pour être prêt à aller chercher au fond de soi ce qui doit sortir à ce moment-là. C’est un état fragile mais avec de la pratique, on peut le retrouver de plus en plus facilement.

Collaborez-vous avec des musiciens roumains ? Dans quel domaine ?

Nous sortons d’une session d’écriture et d’enregistrement avec Marius Moga, qui sait ou cette chanson nous emmènera !?!

 

 

Sursa imaginii: https://www.radioromaniacultural.ro/sophie-loretan-sunt-o-visatoare-un-globe-trotter-imi-petrec-viata-trecand-granite/

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